75 ANS DE L’ARRIVEE DES SŒURS FRANCISCAINES DU REGNE DE JESUS-CHRIST DE MANAGE A SOLA
Avec la dispense de Son Excellence Monseigneur Oscar NGOY, Evêque de Kongolo, c’est le premier dimanche de l’avent, que les Sœurs Franciscaines du Règne de Jésus-Christ de Manage ont célébré les 75 ans de l’arrivée de leurs premières consœurs à Sola.
La messe a été présidée par Monsieur l’Abbé Emmanuel MBUYU, Chancelier du Diocèse, en présence de plusieurs Prêtres des Diocèses de Kongolo et Kasongo, de plusieurs Sœurs Franciscaines, des Sœurs des congrégations en mission à Kongolo et d’une grande famille de fidèles.
A cette fête, la sœur Georgette KALUNGA a prononcé ses vœux perpétuels pendant que les Sœurs Françoise MUTOMBO et Chantal VUMILIYA ont fêté leurs 25 ans de vie religieuse. ,
HISTORIQUE DE NOS SŒURS MISSIONAIRES, DE LEUR MISSION AU CONGO ET DE SON EVOLUTION EN AFRIQUE
L’amour est une force extraordinaire, il peut permettre à celui qui le possède à franchir la crainte et faire des aventures, jusqu’à l’oubli de soi. Tel est le cas pour nos Sœurs missionnaires venues de Belgique pour l’évangélisation, dans les diocèses de Kongolo et de Kasongo. L’arbre planté dans ces diocèses s’étendra dans la suite, dans d’autres diocèses et d’autres pays d’Afrique.
L’amour de leurs frères de la race noire brûlait au cœur de ces jeunes religieuses franciscaines du Règne de Jésus-Christ. Elles se sont lancées vers l’inconnu. Il faut que la Bonne Nouvelle parvienne dans les nouvelles Paroisses, car elles sont décidées de sauver les âmes et d’apporter le développement intégral à tous ceux qu’elles croiseraient sur le chemin. Aimer c’est tout donner et se donner soi-même.
Ces femmes à la foi robuste, se sont rendues disponibles à l’appel de Dieu.
Oh q’ils sont admirables ces hommes et ces femmes missionnaires, qui ont traversé les fleuves et les mers, les savanes et forêts, à la recherche de l’image de Dieu, dans toute personne humaine, au sacrifice de leur propre vie. Leur objectif est celui d’aider le Christ à atteindre ceux qui sont dans les terres lointaines, qui ignorent encore le message de salut de Dieu notre Père. Ils portent aux autres leur conviction.
Nous rendons grâce à Dieu pour ce beau cadeau qu’il nous a donné dans sa gratuité et sa tendresse.
QUI SONT LES PREMIERES SŒURS MISSIONNAIRES ?
R/ Ah ! Qu’ils sont beaux sur la montagne les pas de ceux qui portent la bonne nouvelle, qui annoncent le salut et la paix.
- Tous pouvoirs m’ont été donnés au ciel et sur la terre de toutes les nations faites des disciples. Et moi je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin des temps.
- Proclamez l’Evangile du salut à tous les hommes. Ouvrez-lui votre cœur, le royaume est proche et moi je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du temps.
Nos premières Sœurs missionnaires de Sola sont venues de Manage, en Belgique, après le Concile Vatican II, suite à l’appel lancé par Sa Sainteté le Pape Jean XXIII, et à la demande de Monseigneur HUYS, Vicaire Apostolique Coadjuteur de Monseigneur ROELENS qui sollicitait quatre religieuses pour le poste de Sola/Katanga qui était nouvellement construit.
C’est avec un réel enthousiasme que la Révérende Mère Emile, Supérieure Générale de l’époque, répondit favorablement à cet appel. (Réf. Chronique Sola p.1.)
Le conseil général de l’Institut s’était désigné : Sœur Sophie comme Supérieure locale, Sœur Joseph-Marie, Sœur François-Marie et Sœur Tharcisius. Toutes quatre se préparaient avec bonheur et très activement : cours de médecine tropical, démarches des documents, etc. Il fallait penser à tout pour cette première fondation missionnaire ad EXTRA, c’est-à-dire hors de ses limites diocésaines et nationales (réf. Chronique Sola p.1.)
Le 18 octobre de l’année 1935, les quatre religieuses s’embarquèrent sur le navire ALBERVILLE (actuellement Kalemie), long périple de six semaines. Elles ont emprunté tous les moyens de transport de l’époque, en bateau sur la mer et le fleuve Congo, à bord du train sur le chemin de fer jusqu’à Léopold Ville (actuellement Kinshasa), Stanley Ville (actuellement Kisangani) et en passant par Coquilhat ville (actuellement Lisala) : point d’avion de ligne à cette époque. C’était des moyens de locomotion : Bateau, train, pirogue, ce qui marquait ni charme, ni d’intérêt, ni d’aventures.
En traversant ainsi tout le Congo de Boma à Kongolo par la remontée du fleuve Congo, les Sœurs ont pu admirer la végétation luxuriante de la forêt équatoriale et ont fait connaissance avec les petits singes qui cabriolaient de branche en branche et ont constaté de façon bien sympathique les habitants des villages et leurs coutumes, leurs langues, les initiant petit à petit à la prononciation des mots Swahili, que leurs enseignait patiemment le Père TACK, durant le voyage. (Chronique Sola p.2.)
Le 26 novembre 1935, à 5 heures du matin, les quatre premières Sœurs missionnaires arrivèrent à Kongolo et furent accueillies par les Filles de la croix de Liège. Elles étaient très heureuses et très courageuses.
Quelques heures plus tard, le Révérend Père NERHAEGE, Supérieur de la mission Sola arriva à Kongolo pour accueillir les Sœurs. C’est avec un cœur débordant de joie et de reconnaissance au Seigneur que les Sœurs arrivèrent le 26 novembre 1935, à Sola dans la République Démocratique du Congo au Nord Katanga, Sous-Région de Tanganika dans la Zone de Kongolo.
Les Sœurs Franciscaines étaient les premières religieuses à fouler le sol de Sola. Ainsi, toute la population était alertée à attendre les Sœurs à partir du village Kilubi, à 5 km de la mission Sola, palmes à la main, les cris de joie se firent entendre, et le cortège alla prendre sa fin dans l’Eglise de la Paroisse. Cet accueil fut inoubliable aux yeux de ces premières Sœurs.
VIE DES SŒURS A SOLA
Depuis de nombreuses années, les Sœurs Franciscaines du Règne de Jésus-Christ de Manage nourrissaient le projet d’une fondation en pays missionnaire malgré qu’elles étaient une congrégation diocésaine de Tournai, le charisme étant « Contemplation-Evangélisation » qui se traduit dans les termes suivants :
Le don propre confié à notre fondatrice Elisabeth Docquier, nous engage à la suite du Christ pauvre et humble, chaste et obéissant, accomplissant la volonté du Père, miséricordieux, priant, travaillant et faisant du bien parmi les hommes.
Ce charisme nous ouvre à l’universel dans l’Eglise et dans le monde, tout en nous situant en minorité. Nous sommes vouées au ministère permanent de la prière et à l’Evangélisation. |
Pourquoi les Sœurs Franciscaines du Règne de Jésus-Christ de Manage n’étendraient-elles pas leur labeur apostolique au-delà de l’Europe ? Leur charisme étant universel dans l’Eglise et dans le monde ?
ACTIVITES DES SŒURS A SOLA
Dès le lendemain, fête de la médaille miraculeuse, commençait pour les Sœurs la vraie vie missionnaire sous l’égide de la vierge Immaculée.
Leur couvent au toit couvert de chaume, construit en moellons du pays, avait le cachet de pauvreté de toute fondation : 4 lits de camp, 4 tables, 4 chaises que l’on transportait d’un local à l’autre, des caisses comme armoires « style Louis caisse », pas de cuisine équipée… avec comme régime alimentaire : consommation parcimonieuse de beurre de lait et de viande. Tant de vivres leur manquaient au début.
Huit jours après leur arrivée, le Père Supérieur VERHAEGE, exprima le désir de les voir commencer l’enseignement religieux et profane aux nombreuses filles qui jusque là n’avaient guère fréquenté l’école. L’œuvre scolaire était instauré et progressivement, on recevait les filles de la mission et des villages environnants. Sœur Joseph-Marie mena l’œuvre de l’action catholique en réunissant chaque mercredi de la semaine, les mamans baptisées de la mission pour leur apprendre le foyer, les leçons d’hygiène et de cuisine pour améliorer leur foyer. Sœur François-Marie s’occupait des soins des malades au dispensaire où de nombreux malades ne tardèrent pas à venir soulager leurs misères physiques. Sœur Marie-Alexis s’occupait de la maternité. Sœur Tharcisius assuma la direction de la maternité en 1947, après le retour en Europe de Sœur Marie-Alexis. Son dévouement fut inlassable et admirable, nuit et jour, durant de longues années jusqu’au moment où le Seigneur la rappela à lui, en 1975.
Apprenant que tant de petits enfants mouraient sans soins dans la brousse, la Sœur infirmière suggéra de garder à la mission quelques bébés orphelins malheureux. C’est ainsi que fut inaugurée en 1938 une pouponnière qui devint, à partir de cette année, une oasis de bonheur pour ces pauvres bébés : Enseignement, soins des malades au dispensaire, à la maternité, à la pouponnière s’annoncèrent de cette façon et très rapidement. La mission des Sœurs Franciscaines devint une ruche laborieuse dans une atmosphère détendue et confiante.
LES ACTIVITES ET LEUR IMPACT
En 1936 et 1937, elles débutèrent l’œuvre de l’internat pour les filles qui se préparaient au baptême et au mariage chrétien. Ces filles étaient recrutées par les Pères missionnaires d’Afrique lors de leurs tournées apostoliques dans les villages. Leur nombre augmentait très vite et atteignit les 230. Chaque année, ce fut la chaîne des filles en provenance des Collectivités de Nkuvu, de Mambwe, de Nyembo, de Munono, de Yambula, de Muhona qui affluaient à Sola pour leur formation spirituelle et humaine.
Ainsi de 1937 à 1976, les Sœurs ont enregistré 8 000 filles catéchumènes bénéficiaires de cette formation. Ces filles formées à cette époque sont des femmes d’une foi solide et des vraies éducatrices pour leurs enfants. Cet adage qui nous dit « éduquer une femme c’est éduquer toute une nation » est confirmée à travers toutes ces mamans qui sont passées par le Boma( internat) de Sola. Pour leur formation humaine, elles ont appris la culture des champs, l’hygiène, la couture et tous les travaux ménagers. Les filles jeunes fréquentaient l’école gratuitement. Les mêmes activités apostoliques sont appliquées dans les deux autres fraternités existantes à Kabalo et à Kibangula. Lorsqu’on s’imagine l’ampleur de l’œuvre de nos Sœur missionnaires il y a de quoi rendre grâce au Très-Haut, car en plus de ces filles catéchumènes, dans les trois premières fraternités, les Sœurs ont hébergé de nombreuses filles internes scolarisées dont les parents étaient capables de payer les frais scolaires et leur pension. Ces filles venaient de Kindu, Kasongo, Kalima et les villages environnants. Au Katanga les filles internes provenaient de Kalemie, Nyunzu et surtout du Territoire de Kongolo. Leur nombre est inconnu. Pouvons-nous dénombrer tous les enfants filles et garçons que ces Sœurs ont reçus dans leurs écoles à Sola, à Kabalo et Kibangula ? Quelle œuvre de développement ont-elles apportée, ces femmes vaillantes à la foi robuste et au zèle apostolique admirable.
Dans le souci d’atteindre les malades et les femmes dans les villages situés à 5 ou 12 kilomètres de Sola, de Kibangula et Kabalo, nos Sœurs missionnaires se rendaient à vélo dans les villages, une ou deux fois par mois. Elles s’y rendaient pour les vaccins, les consultations dans le cadre médical et elles donnaient des leçons d’hygiène, de couture et d’alphabétisation aux femmes.
En 1939, ce fut la guerre en Europe. C’est ainsi qu’après la première guerre mondiale de 1940 à 1945, la moisson étant abondante et les ouvriers peu nombreux, l’équipe des Sœurs fut renforcée.
En 1946, arrivèrent à Sola, Sœur Régine et Sœur Clément-Marie. Toutes deux désirèrent d’œuvrer avec courage dans l’enseignement et au dispensaire. Le O8 juin 1948 marque la mort de Sœur Sophie dont le corps repose en paix dans les cimetières de la mission de Sola.
En 1948, arrivèrent Sœur Edmond-Marie (Mama Elisabeth), Sœur Estella-Marie, Sœur Marie-Pierre et Sœur Marie-Alexis.
En 1949, ce fut l’arrivée de Sœur Saint Michel, Sœur Suzane, Sœur Hildegarde et Sœur Albert-Marie, qui se préparèrent à Sola pour une nouvelle fondation de Kibangula, dans le Maniema.
En 1954, quatre d’entre-elles fondèrent Kabalo et en 1956, Sœur Madeleine vint rejoindre le groupe avec Sœur Sabine.
La Sœur Joahana Dameto et la Sœur Monique arrivèrent en 1967. Et la Sœur Christiane Motté fut la dernière missionnaire à fouler le sol de Sola en 1978.
L’œuvre de nos Sœurs missionnaires était bénie par le Seigneur. Avant 1960, elles donnèrent à l’Eglise plusieurs filles à son service : 45 religieuses à la congrégation diocésaine des Sœurs de Saint Joseph de Moba, dans l’actuel Diocèse de Kalemie-Kirungu.
Leur présence au milieu de la jeunesse a suscité de nombreuses vocations. Aussi au sein de cette formation des catéchumènes (l’Oeuvre du BOMA, comme on l’appelle), sous le souffle puissant de l’Esprit, se développa un autre idéal, celui de la vocation religieuse.
A partir de 1938, le Seigneur posa sa marque divine sur le visage des quelques unes des ses âmes simples. C’est ainsi que, d’année en année, un bon nombre des filles entrèrent au noviciat des Sœurs de Saint Joseph à Baudouin Ville, seul noviciat existant de l’époque, et elles furent fidèles.
En tout, nous pouvons compter 22 Sœurs Missionnaires qui ont foulé le sol de Sola.
EN 1970, un noviciat fut ouvert à Sola où il a donné naissance aux Sœurs franciscaines du Règne de Jésus-Christ Africaines. La première novice fut la Sœur Eugènie MAMBA, avec laquelle commencent quelques dates : En 1971, Vêture de trois postulantes qui sont Joséphine TAMBWE, Hélène MUJINGA et Angèle KIGULU ; EN 1972, Profession temporelle de Sœur Eugènie MAMBA ; En 1973, le 02 janvier, Vêture de la postulante Agnès KATOKA avant la Vêture de deux autres postulantes à savoir, Véronique MUSOGA et Démetrie MAGANGA, en date du 25 août 1973, en la présence paternelle de Son Excellence Monseigneur NDAY, Evêque de Kongolo, en l’Eglise paroissiale de Sola.
Les Sœurs Franciscaines présentes à Sola lors du jubilé.
De 1970 jusqu’à nos jours, nous comptons 152 Sœurs africaines : congolaises, tanzaniennes et rwandaises dans la Région du Congo RDC, dont 106 professes de vœux perpétuels et 15 de vœux temporaires et 7 postulantes. C’est une preuve que l’œuvre de nos Sœurs missionnaires est féconde.
Que le Seigneur soit loué pour sa petite graine de moutarde qui a été semée à Sola grâce au sacrifice de nos Sœurs missionnaires et qui a donné à l’Eglise un souffle nouveau de mission, le g rand élan de renouveau dont l’Eglise a besoin pour grandir dans la foi.
Abbé Emmanuel BASHIKI K.